Aristote / Texte niveau 2 / Annale Bac Philo
La vertu est une discipline
Il ne suffit pas de faire une bonne action pour devenir vertueux. C’est par répétition, et par habitude, que l’on apprend peu à peu à bien agir.
Ce n’est ni par nature, ni contrairement à la nature que naissent en nous les vertus, mais la nature nous a donné la capacité [hexis] de les recevoir, et cette capacité est amenée à maturité par l’habitude.
En outre, pour tout ce qui survient en nous par nature, nous le recevons d’abord à l’état de puissance, et c’est plus tard que nous le faisons passer à l’acte comme cela est manifeste dans le cas des facultés sensibles (car ce n’est pas à la suite d’une multitude d’actes de vision ou d’une multitude d’actes d’audition que nous avons acquis les sens correspondants, mais c’est l’inverse : nous avions déjà les sens quand nous en avons fait usage, et ce n’est pas après en avoir fait usage que nous les avons eus). Pour les vertus, au contraire leur possession suppose un exercice antérieur, comme c’est aussi le cas pour les autres arts. En effet, les choses qu’il faut avoir apprises pour les faire, c’est en les faisant que nous les apprenons : par exemple, c’est en construisant qu’on devient constructeur, et en jouant de la cithare qu’on devient cithariste ; ainsi, c’est encore en pratiquant les actions justes que nous devenons justes, les actions modérées que nous devenons modérés, et les actions courageuses que nous devenons courageux. Cette vérité est encore attestée par ce qui se passe dans les cités, où les législateurs rendent bons les citoyens en leur faisant contracter certaines habitudes : c’est même là le souhait de tout législateur, et s’il s’en acquitte mal, son œuvre est manquée et c’est en quoi une bonne constitution se distingue d’une mauvaise.
L'essentiel
Pour Aristote, les êtres humains ne sont ni bons ni mauvais par nature. Ce sont leurs choix et leurs actions qui déterminent, sur la durée, s’ils sont ou non vertueux.
Car tout le monde a la capacité de bien agir.
Ce qui différencie les êtres humains, c’est que certaines personnes décident de ne pas pratiquer cette capacité, tandis que d’autres en font un effort quotidien.
C’est aussi simple que d’apprendre un instrument de musique, d’aller à la salle de sport ou de bricoler.
L’effort répété devient une habitude. Et avec le temps, l’habitude devient une seconde nature.
Bien agir n’est pas une question de connaissance, de croyance ou d’appartenance à un groupe déterminé. C’est avant tout une pratique, que l’on choisit ou non de s’approprier.
Des ressources pour aller plus loin
La vertu en acte
« Ce n’est pas pour savoir ce qu’est la vertu en son essence que nous effectuons notre enquête, mais c’est afin de devenir vertueux, puisqu’autrement cette étude ne serivrait à rien.«
– Aristote, Ethique à Nicomaque
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Aristote, la force de l’habitude
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Biographie d’Aristote
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Définition de la vertu
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Ethique à Nicomaque, Livre II