La beauté du devoir

La toute puissance de notre volonté s’exprime par notre extraordinaire capacité à bien agir, magré toutes les tentations qui nous incitent à faire le contraire

Devoir ! Ô grand nom sublime, toi qui ne renfermes rien d’agréable, rien qui implique qu’on se laisse persuader par flatterie, mais qui exiges la soumission, qui cependant aussi, pour remuer la volonté, ne menaces de rien qui pourrait susciter dans l’esprit une aversion naturelle et terroriser, mais qui poses simplement une loi qui ne trouve pas d’elle-même un accès à l’esprit, tout en gagnant cependant par elle-même, contre notre gré, la vénération (sinon toujours l’obéissance), une loi devant laquelle se taisent toutes les inclinations, même si elles œuvrent secrètement contre elle ; quelle est l’origine qui est digne de toi, et où trouve-t-on la racine de ta noble lignée, qui rejette fièrement toute parenté avec les inclinations, le fait de provenir de cette racine étant la condition indispensable de cette valeur que les hommes ne peuvent se donner qu’eux-qu’eux-mêmes ?

Ce ne peut être rien de moins que ce qui élève l’homme au-dessus de lui-même (comme une partie du monde sensible), ce qui le lie à un ordre de choses que seul l’entendement peut penser, et auquel est soumis en même temps tout le monde sensible, avec lui l’existence empiriquement déterminable de l’homme dans le temps et le tout de l’ensemble des fins (lequel tout est seul conforme à des lois pratiques inconditionnées, telle que la loi morale). Ce n’est rien d’autre que la personnalité, c’est-à-dire la liberté et l’indépendance à l’égard du mécanisme de la nature entière, considérée cependant en même temps comme un pouvoir d’un être qui est soumis à des lois qui lui sont propres, c’est-à-dire des lois pratiques pures qui lui sont données par sa propre raison, la personne en tant qu’appartenant au monde sensible étant donc soumise à sa propre personnalité en tant qu’appartenant en même temps au monde intelligible ; il n’y a donc pas à s’étonner s’il faut que l’homme, en tant qu’appartenant aux deux mondes, ne considère pas son propre être, relativement à sa seconde et suprême destination, autrement qu’avec vénération, et les lois de cette destination autrement qu’avec le respect le plus grand.

Kant, Critique de la raison pratique, Partie 1, Livre 1, Chapitre 3

L'essentiel

L’être humain est avant tout un animal de chair et de sang, soumis aux lois de la nature et du désir.

En tant que tel, il pourrait être esclave de ses sensations, de ses émotions, et des innombrables tentations qui l’assaillent sans cesse.

Pourtant, il est aussi un être moral.

Quoi qu’il fasse, il a en lui comme une voix intérieure, une capacité unique, qui lui permet de dire ce qu’est « bien agir ».

Cette voix, c’est la voix du devoir.

Et lorsque l’être humain choisit de la suivre plutôt que de céder à ses instincts, il fait réellement preuve de liberté et de personnalité.

 

 

Des ressources pour aller plus loin

L’appel du devoir

« Le devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi.« 

– Kant, Les Fondements de la métaphysique des moeurs

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