Une Cité ne peut pas se passer de lois
Pour défendre le bien commun il est nécessaire d’établir des lois qui dépassent les intérêts particuliers de chacun.
Les hommes doivent nécessairement établir des lois et vivre selon ces lois, sinon rien ne permet de les distinguer des bêtes les plus sauvages à tous égards. La raison en est la suivante : aucun être humain ne possède naturellement le don de connaître ce qui est le plus profitable aux hommes en tant que citoyens ; et même s’il le connaissait, il ne serait pas toujours en mesure de vouloir et de faire le meilleur.
Tout d’abord, il est difficile de reconnaître que le véritable art politique doit se soucier non de l’intérêt particulier, mais de l’intérêt général, car l’intérêt général apporte aux cités une cohésion que l’intérêt particulier fait voler en éclats ; difficile aussi de reconnaître que la consolidation de l’intérêt commun au détriment de l’intérêt particulier profite à la fois à l’intérêt commun et à l’intérêt particulier, à l’un et à l’autre indissociablement.
En second lieu, supposons un homme suffisamment avancé dans cet art pour savoir qu’il en est ainsi en vertu d’une nécessité naturelle ; supposons, en outre, que cet homme règne sur la cité sans avoir à lui rendre de comptes, en maître absolu ; même en ce cas, il ne pourrait jamais demeurer inébranlable dans ses convictions, c’est-à-dire continuer, toute sa vie durant, à donner la primauté à l’intérêt général et à subordonner l’intérêt particulier à l’intérêt général. Au contraire, la nature mortelle le poussera toujours à désirer insatiablement et à agir égoïstement.
L'essentiel
Que veut dire « faire société » ? Réussir à dépasser la puissante expression des individualités pour créer les conditions d’une vie commune.
Cette tâche est d’autant plus difficile que la nature a fait les êtres humains particulièrement égoïstes et violents. Leur priorité est la défense de leurs intérêts particuliers, et ils ne sont pas capables de réellement pouvoir se hisser à la hauteur du bien commun.
C’est pourquoi il est nécessaire d’établir un ordre juridique stable qui soit l’expression de cet intérêt commun : la loi.
Des ressources pour aller plus loin
Défendre le bien commun
« Le plus grand mal de l’homme est un défaut qu’on apporte en naissant, que tout le monde se pardonne, et dont par conséquent personne ne travaille à se défaire : c’est ce qu’on appelle l’amour-propre. »