L'homme est un roseau pensant
L’être humain est traversé par un paradoxe qui définit toute son existence : sa grandeur vient du fait qu’il a conscience de sa propre faiblesse.
La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable.
C’est donc être misérable que de se connaître misérable ; mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable.
Pensée fait la grandeur de l’homme.
Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n’est que l’expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir l’homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute.
L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il nous faut relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale.
L'essentiel
La nature humaine repose sur une dualité, c’est-à-dire la coexistence de deux éléments contraires et pourtant intriqués :
– La misère de l’être humain : son corps est faible, petit, fragile et vulnérable ;
– La grandeur de l’être humain : sa pensée et sa conscience sont des faits uniques dans la nature, et elle lui permettent d’appréhender le monde autour de lui.
Cette tension existentielle est la source d’un devoir moral particulier : utiliser le don de la pensée et s’en montrer digne.
Des ressources pour aller plus loin
Grandeur et misère
« Entre nous et l’enfer ou le ciel il n’y a que la vie entre deux qui est la chose du monde la plus fragile. »
– Pascal, Pensées (213, Ed Brunschvicg)
Podcast
Le contexte de la rédaction des Pensées