Le langage est naturel
Le langage est l’expression naturelle d’une capacité humaine.
Quant aux divers sons du langage, c’est la nature qui poussa les hommes à les émettre, et c’est le besoin qui fit naître les noms des choses : à peu près comme nous voyons l’enfant amené, par son incapacité même de s’exprimer avec la langue, à recourir au geste qui lui fait désigner du doigt les objets présents. Chaque être en effet a le sentiment de l’usage qu’il peut faire de ses facultés.
[…] Ainsi penser qu’alors un homme ait pu donner à chaque chose son nom, et que les autres aient appris de lui les premiers éléments du langage, est vraiment folie. Si celui-ci a pu désigner chaque objet par son nom, émettre les divers sons du langage, pourquoi supposer que d’autres n’auraient pu le faire en même temps que lui ? En outre, si les autres n’avaient pas également usé entre eux la parole, d’où la notion de son utilité lui est-elle venue ?
[…] Enfin qu’y va-t-il de si étrange que le genre humain en possession de la voix et de la langue ait désigné suivant ses impressions diverses les objets par des noms divers ? Les troupeaux privés de la parole et même les espèces sauvages poussent bien des cris différents suivants que la crainte, la douleur ou la joie les pénètrent.
L'essentiel
Pour Lucrèce, le langage n’est pas une création culturelle qui serait propre à l’homme.
En comparant les cris animaux et les paroles humaines, le philosophe romain démontre que le langage est une impulsion innée.
D’après lui, la capacité à communiquer est naturelle. Les animaux crient, les enfants pointent du doigt et les humains adultes parlent. L’apparition du langage, bien que propre à l’homme, est l’expression de sa nature et de ses facultés.
Les noms qui ont été donnés aux choses participent à cet élan naturel. Pour exercer sa faculté de communiquer avec la voix, chaque être humain a besoin de nommer les choses.
Des ressources pour aller plus loin
L’origine du langage
« Avant même que les cornes aient commencé à poindre sur son front, le veau irrité s’en sert pour menacer son adversaire et le poursuivre tête baissée. »