Une loi injuste n'existe pas
Les lois doivent se soucier d’être bonnes avant tout, c’est-à-dire de maintenir la paix au sein d’une société.
Qu’est-ce qu’une bonne loi ? Par bonne loi, je n’entends pas une loi juste, car aucune loi ne peut être injuste. La loi est faite par le pouvoir souverain, et tout ce qui est fait par ce pouvoir est approuvé et reconnu pour sien par chaque membre du peuple : et ce que chacun veut ne saurait être dit injuste par personne.
Il en est des lois de la République comme des lois des jeux : ce sur quoi les joueurs se sont accordés n’est pour aucun d’eux une injustice. Une bonne loi se caractérise par le fait qu’elle est, en même temps, nécessaire au bien du peuple et claire.
En effet, le rôle des lois, qui ne sont que des règles revêtues d’une autorité, n’est pas d’entraver toute action volontaire, mais seulement de diriger et de contenir les mouvements des gens, de manière à éviter qu’emportés par la violence de leurs désirs, leur précipitation ou leur manque de discernement, ils ne se fassent de mal : ce sont comme des haies disposées non pour arrêter les voyageurs, mais pour les maintenir sur le chemin.
C’est pourquoi si une loi n’est pas nécessaire et que la vraie fin de toute loi lui fasse défaut, elle n’est pas bonne. On peut croire qu’une loi est bonne quand elle apporte un avantage au souverain sans pourtant être nécessaire au peuple ; mais cela n’est pas. En effet, le bien du souverain et celui du peuple ne sauraient être séparés.
L'essentiel
Il est très courant de critiquer une loi parce qu’on la trouve injuste. Par exemple on peut dire qu’elle ne respecte pas nos principes, ne défend pas nos valeurs, ou encore qu’elle entrave notre liberté.
Le problème, c’est qu’en se focalisant sur cette question de l’injustice, on en vient à oublier le plus important : est-ce qu’avant tout c’est une bonne loi ?
C’est question peut sembler étonnante, car on a tendance a penser que si une loi est juste, alors elle est forcément bonne. Et inversement, que si elle est injuste, alors elle est forcément mauvaise.
Mais Hobbes rejette cette habitude de pensée, et renverse la priorité des choses : c’est parce qu’une loi est bonne qu’elle est juste. Et une bonne loi, c’est avant tout une loi qui empêche la violence et le chaos au sein de la société.
De cette façon, Hobbes renverse radicalement les valeurs de la politique : la nécessaire sécurité des citoyens passe avant les longs discours sur la justice.
Des ressources pour aller plus loin
La justice du souverain
« Là où n’existe aucun pouvoir commun, il n’y a pas de loi. Là où n’existe pas de loi, il n’y a aucune injustice. La force et la ruse sont en temps de guerre les deux vertus cardinales. »