Epictète / Texte niveau 1
Ce qui dépend de nous
Notre bonheur dépend de notre capacité à savoir distinguer ce qui nous préoccupe de ce que nous pouvons réellement changer.
Des choses les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions, en un mot tout ce qui est opération de notre âme ; ce qui ne dépend pas de nous, c’est le corps, la fortune, les témoignages de considération, les charges publiques, en un mot tout ce qui n’est pas opération de notre âme.
Ce qui dépend de nous est, de sa nature, libre, sans empêchement, sans contrariété ; ce qui ne dépend pas de nous est inconsistant, esclave, sujet à empêchement, étranger.
Souviens-toi donc que si tu regardes comme libre ce qui de sa nature est esclave, et comme étant à toi ce qui est à autrui, tu seras contrarié, tu seras dans le deuil, tu seras troublé, tu t’en prendras et aux dieux et aux hommes ; mais si tu ne regardes comme étant à toi que ce qui est à toi, et si tu regardes comme étant à autrui ce qui, en effet, est à autrui, personne ne te contraindra jamais, personne ne t’empêchera, tu ne t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi, car tu ne souffriras rien de nuisible.
L'essentiel
Prenons l’exemple le plus dur que nous ayons à affronter dans notre vie quotidienne : perdre un être cher.
La plupart d’entre nous va le vivre comme un choc, voire culpabiliser et se demander comment il aurait été possible d’empêcher cela. Et bien pas Épictète !
Il écrit dans son Manuel : « Ne dis jamais, sur quoi que ce soit : «J’ai perdu cela» mais : «Je l’ai rendu». Ton fils est mort ? tu l’as rendu. Ta femme est morte ? tu l’as rendue. »
C’est terrifiant ! Mais c’est cela le stoïcisme d’Épictète : adopter une attitude de calme et de maîtrise face aux situations de la vie, en reconnaissant que beaucoup de choses ne dépendent pas de nous.
Des ressources pour aller plus loin
Le plus piquant des stoïciens
« L’école du philosophe est un cabinet de médecin : on ne doit pas en sortir en ayant pris du plaisir, mais en ayant souffert. Car vous n’y allez pas bien portants : l’un avait l’épaule démise, l’autre un abcès, celui-ci une fistule, celui-là mal à la tête. »
– Epictète, Entretiens
Vidéo
Biographie d’Epictète
Cyrus North (Youtube)
Podcast
Comment être libre quand on est esclave ?
France Culture, 57 min
Article
L’enseignement de l’indifférence
Philosophie Magazine, 10 MIN
Texte Intégral
Le Manuel