Le temps nous échappe
A la fois immuable et toujours changeant, le temps emporte tout dans le flot constant du devenir.
Mais qu’est-ce donc qui est véritablement ? Ce qui est éternel, c’est-à-dire ce qui n’a jamais eu de naissance, ni n’aura jamais de fin, et à quoi le temps n’apporte jamais aucune mutation.
Car c’est chose mobile que le temps, et qui apparaît comme en ombre, avec la matière coulante et fluente toujours, sans jamais demeurer stable ni permanente, à qui appartiennent ces mots « avant » et « après », et « a été » ou « sera ». Lesquels tout de prime abord montrent à l’évidence que ce n’est pas chose qui soit, car ce serait grande sottise et fausseté toute apparente que de dire que cela soit qui n’est pas encore en être, ou qui déjà a cessé d’être.
Et quant à ces mots de « présent », d’« instant », de « maintenant » par lesquels il semble que principalement nous soutenons et fondons l’intelligence du temps, dès que la raison le découvre, elle le détruit tout sur-le-champ, car elle le fend incontinent [aussitôt] et le partage en futur et en passé, comme le voulant voir nécessairement départi [divisé] en deux.
Autant en advient-il à la nature qui est mesurée comme au temps qui la mesure, car il n’y a non plus en elle rien qui demeure, ni qui soit subsistant, mais toutes choses y sont ou nées, ou naissantes, ou mourantes.
L'essentiel
Bien que l’on utilise un seul mot pour le décrire, le temps est comme un flot continu et insaisissable.
Quand notre esprit essaye de le comprendre, et d’en faire une chose unique, il s’éparpille et se divise : passé, présent, futur.
Ainsi, toute chose qui existe dans le temps ne peut pas être éternelle, car elle est condamnée à vivre un changement permanent.
Si l’on cherche ce qu’il y a d’éternel dans le monde, il faut donc trouver ce qui échappe au temps.
Des ressources pour aller plus loin
Le temps du sceptique
« L’ignorance qui se sait, qui se juge et qui se condamne, ce n’est pas une entière ignorance : pour l’être, il faut qu’elle s’ignore soi-même. »