La théologie ne contient aucune morale
Les commandements de la foi, qui ne s’appuient que sur la crainte d’être puni ou l’espoir d’être sauvé, ne peuvent pas prétendre faire figure de morale.
La religion, qui est fondée simplement sur la théologie, ne saurait contenir quelque chose de moral. On n’y aura d’autres sentiments que celui de la crainte, d’une part, et l’espoir de la récompense de l’autre, ce qui ne produira qu’un culte superstitieux.
Il faut donc que la moralité précède et que la théologie la suive, et c’est là ce qui s’appelle la religion. La loi considérée en nous s’appelle la conscience. La conscience est proprement l’application de nos actions à cette loi. Les reproches de la conscience resteront sans effet, si on ne les considère pas comme les représentants de Dieu, dont le siège sublime est bien élevé au-dessus de nous, mais qui a aussi établi en nous un tribunal.
Mais d’un autre côté, quand la religion ne se joint pas à la conscience morale, elle est aussi sans effet. Comme on l’a déjà dit, la religion, sans la conscience morale est un culte superstitieux. On pense servir Dieu en le louant, par exemple, en célébrant sa puissance, sa sagesse, sans songer à remplir les lois divines, sans même connaître cette sagesse et cette puissance et sans les étudier. On cherche dans ces louanges comme un narcotique pour sa conscience, ou comme un oreiller sur lequel on espère reposer tranquillement.
L'essentiel
Une religion peut-elle interdire de transfuser du sang aux malades ? De manger telle ou telle nourriture ? Ou encore de considérer telle chose pure ou impure ?
Ces commandements proviennent de textes jugés sacrés, qui donnent lieu à des interprétations morales par des experts de la foi (les théologiens). Mais que valent ces interprétations ?
Pour Kant, il y a deux possibilités :
– Soit les interprétations morales proviennent uniquement des textes eux-mêmes, et dans ce cas elles sont supersitieuses ;
– Soit ces mêmes interprétations s’appuient également sur la conscience (ou loi morale) qui est présente universellement en chacun. Et dans ce cas la morale religieuse peut être solide, car elle repose sur une moralité supérieure.
Des ressources pour aller plus loin
La religion des Lumières
« Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’une vénération toujours nouvelles et toujours croissantes, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y implique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. »